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PERDRE DU POIDS: UNE SIMPLE QUESTION DE VOLONTÉ ?

          En voila une question essentielle à poser quand on s’intéresse aux sujets de la nutrition: la perte de poids finalement…ce ne serait pas qu’une histoire de motivation et de détermination ? Quiconque a déjà dû poursuivre cet objectif se l’est demandé. J’aimerais aujourd’hui vous répondre à la question à la lumière de trois études extrêmement intéressantes qui viennent nous éclairer sur ce sujet.


L’expérience du Marshmallow (1972)


L’expérience du Marshmallow est une étude scientifique sur la gratification différée, menée par le psychologue Walter Mischel à l’université de Stanford en 1972. Dans celle-ci, un certain nombre d’enfants vont passer la même épreuve. Chaque enfant va être assis seul à une table dans une salle avec un marshmallow (ou un bretzel selon sa préférence) et un choix lui sera donné: soit manger le marshmallow tout de suite, soit attendre 10 à 15 minutes à la fin desquelles un second marshmallow lui sera donné si le premier n’a pas été mangé. Deux enfants sur trois vont échouer à attendre et mangeront le marshmallow à leur disposition (mais n’est-ce finalement pas une autre forme de sagesse ? Un tien vaut mieux que deux tu l’auras ? Je plaisante). Ce qui va particulièrement nous intéresser ici, c’est le comportement des enfants qui ont réussi.

Etaient-ils anormalement doués ? Un esprit puissant et indomptable ? Une volonté de fer ? Difficile à affirmer…en revanche, ce qui était visible c’est qu’ils ont tous plus ou moins adopté le même type de stratégie: l’évitement.

En effet, pour réussir à ne pas manger leur seul marshmallow, au lieu de rester devant et de le fixer, certains se sont mis à chanter, d’autres à fermer (ou se couvrir) les yeux et à taper le sol de leurs pieds, d’autres encore parlaient à haute voix et certains même ont fait le choix de dormir. Et leurs tactiques furent gagnantes. Au contraire, ceux qui n’ont pas réussi à attendre restaient plantés devant le marshmallow, à le regarder sous tous les angles, à s’en rapprocher, parfois même en le touchant, le léchant, en respirant son odeur, etc…en bref, ils se confrontaient directement à leur tentation en tentant de la vaincre par l’effort.

Dont acte.


La théorie de « l’épuisement du moi » (1997)


En 1996/1997, un autre psychologue (Roy F Baumeister) et son équipe vont essayer de répondre à la question suivante:  Est-ce que l’exercice de la volonté d’un individu libre est une ressource limitée ?

Pour y répondre, ils vont mener quatre expériences différentes mais la première est la plus intéressante pour nous.

Dans celle-ci, les participants – qui n’avaient pas mangé depuis plusieurs heures – sont placés dans une pièce sentant fortement le cookie chaud. Deux bols étaient présents tout au long de l’expérience: l’un avec des cookies, l’autre avec des radis. On demanda alors à la moitié des participants de se contenter des radis. Par la suite, on demanda à l’ensemble des participants de résoudre un puzzle qu’ils ne savaient pas impossible à réaliser (toujours avec les bols dans la même pièce et cette odeur persistante).

Résultat ? Ceux qui avaient eu le droit de manger des cookies ont en moyenne tenu près de 19 minutes avant d’abandonner l’impossible puzzle…contre seulement 8 pour ceux qui ont été frustrés en étant obligés de manger des radis malgré l’odeur et la faim. Même constat au niveau des tentatives: les premiers s’y sont repris à 34 fois avant d’abandonner…contre seulement 19 pour les seconds.

En clair: ceux qui avaient été tenus d’exercer leur volonté sur une tâche, ont été incapables de l’exercer correctement sur la suivante. L’énergie mentale qu’ils avaient dépensé dans la première n’était plus disponible pour la seconde.

Cette étude n’est pas isolée car il existe des centaines d’études en venant peu ou proue à la même conclusion et donc à la même réponse à la question posée: Oui, la volonté est une ressource limitée.

Dont acte.


L’étude sur les tentations au quotidien (2011)


Cette expérience-ci fut l’œuvre d’un quatuor de psychologues (dont Roy F Baumeister) mené par Wilhelm Hofmann. Ces derniers cherchaient à mieux comprendre les ressorts derrière le désir, le conflit intérieur et le self-control.

Dans cette étude, les quelques 200 participants se voyaient attribués un Assistant Numérique Personnel (sorte de beeper pour faire court). De manière aléatoire, cet ANP leur demandait chaque jour s’ils étaient en train d’éprouver un désir, à quel point celui-ci était fort, et enfin s’ils avaient réussi à le réfréner, Plus de 8000 désirs ont été recensés à travers l’étude (de désirs fondamentaux comme manger, boire ou dormir à des désirs plus « secondaires » tels que boire du café ou de l’alcool, faire du sport ou utiliser les réseaux sociaux).

Résultat ? Plus une personne avait éprouvé de désirs – et avaient dû y résister – plus elle était prompte à succomber à ses désirs futurs. A contrario, ceux qui ont démontré le meilleur self-control au cours de l’étude étaient ceux qui avaient le moins ressenti le besoin de l’exercer.

Dont acte.


Quels enseignements tirer de ces différentes expériences et études ?


Que retenir de tout cela finalement ? Que la volonté agit comme un muscle: elle se fatigue à force d’être sollicitée. C’est pour cette raison, que je parle souvent à mes clients d’un « capital mental » qu’il s’agit de préserver. Tout comme la structure musculaire, nous n’avons pas tous le même capital mental; certains en ont plus que d’autres. Mais tous sont limités. Il faut donc trouver le moyen de se ménager en évitant au maximum d’avoir à y recourir.

Ne pas être confronté à sa tentation est bien plus efficace et durable que de devoir y résister

Perdre du poids est-elle affaire de volonté ? Assurément…mais pas seulement.

Oui, elle est affaire de volonté car il faut prendre la décision initiale de se reprendre en mains. Cependant elle n’est PAS QUE l’affaire d’une volonté exercée car il s’agit de tenir cet objectif dans le temps.


En conclusion, la perte de poids est moins une affaire de volonté qu’une affaire de discipline et la nuance est importante. Il s’agit moins de supporter la souffrance que de s’organiser pour l’éviter, ou a minima, la limiter. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le régime cétogène est aussi efficace pour perdre du poids car on vient couper le mal à la racine: l’addiction au sucre qui provoque cette envie lourde, permanente et lancinante d’en manger. S’en sevrer et y trouver une alternative est le seul chemin durable pour la majorité des personnes cherchant à perdre du poids. 

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Alexis Lablanchy
Coach et conseiller en nutrition